Guerre 1914-1918 - Histoire du XXe siècle

Catégorie : Grande Guerre (Page 3 of 3)

Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre : les mœurs sexuelles des français 1914-1918

Aubier Montaigne, 2002, 411 p.

Réédition, collection « historique », Aubier, 2013.

La Grande Guerre porte l'espoir d'une France lavée de l'humiliation de la défaite de 1870 et purgée du péril « pornographique » de la Belle Époque : on fustige la nation des plaisirs et de la dégénérescence, coupable de compromettre la victoire. Et l'on soupçonne en premier lieu la loyauté des femmes - « marraines », adultères, prostituées, infirmières ou employées d'usines-, accusées de corrompre le soldat. Propulsée au cœur du conflit, la morale sexuelle sacralise en effet le « poilu » viril et chaste qui arrachera la victoire au péril de sa vie. Mais elle méconnaît l'immense frustration affective et sexuelle des combattants, et le trouble que provoque le culte de la virilité chez des hommes amoindris par la solitude, le sang et la mort. 


À partir de 1916, le rêve de la régénération laisse donc place à une profonde démoralisation : l'interminable guerre bouleverse le modèle familial bourgeois hérité du XIXe siècle (incompréhension ou séparation des couples, travail des femmes). Cette histoire des mœurs est aussi une histoire de l'exclusion, où l'on voit l'armée et l'État se disputer le contrôle de la population et de ses pratiques sexuelles. Mais elle est surtout une histoire de l'intime, noire, bouleversante et inédite.






Dans la presse

A partir d’un angle d’étude apparemment réduit – les mœurs sexuelles des Français en 1914-1918 – le livre de Jean-Yves Le Naour apporte un éclairage original et stimulant à la Première Guerre mondiale… Jean-Yves Le Naour s’intéresse d’abord à ce qu’il appelle la « guerre moralisatrice ». Il exhume les écrits stupéfiants d’hommes en proie à la crainte de la dégénérescence et convaincus que la guerre sera une expérience collective favorable au renouveau national…La lutte contre la pornographie ou la débauche considérées comme d’inspiration allemande (avant-guerre, on accuse Guillaume Ii d’exporter massivement des préservatifs pour affaiblir la natalité française), les débats sur l’avortement en temps de guerre, le rôle dévolu aux marraines de guerre et aux infirmières sont autant d’aspects étudiés avec soin…La dernière partie ouvre de nombreuses perspectives sur le brouillage des rôles sexuels et des normes, où le poilu, magnifié par les combats, est également fragilisé par un sentiment d’incompréhension et d’abandon de l’arrière. Le mythe de la guerre salvatrice et rédemptrice a vécu, avant de renaître quelques décennies plus tard.

L’Histoire, N°262, avril 2002
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Le soldat inconnu vivant, 1918-1942

Hachette Littératures, La vie quotidienne, 2002, 250 p.

Rééditions en France :
Fayard, 2018, 222 p.
Hachette littératures (Collection poche Pluriel), 2008.
Disponible en gros caractères aux éditions Feryane, 2011.

Le 1er février 1918, un soldat amnésique est interné à l'asile psychiatrique du Rhône. Tous les moyens sont employés pour l'identifier et le rendre à sa famille. Son portrait s'étale à la une des journaux et est affiché sur les portes de toutes les mairies. Plusieurs centaines de familles reconnaissent en lui un père, un fils ou un frère disparu à la guerre. Comment départager ces familles qui n'arrivent pas à faire le deuil de leur proche disparu ? Une longue et douloureuse enquête débute. Elle durera tout l'entre-deux-guerres et s'achèvera sur un procès à rebondissements où s'opposent tous ceux et celles qui ont reconnu en l'amnésique un de leurs parents. 



Les contemporains sont fascinés par cet homme sans passé : Jean Anouilh s'empare du fait divers pour écrire son Voyageur sans bagage et la presse baptise rapidement l'amnésique " le Soldat inconnu vivant ". Cette histoire singulière révèle en réalité une profonde souffrance née de la Grande Guerre, une douleur intime et collective : celle du deuil impossible à faire pour les familles des soldats disparus. Dans une société qui voudrait tant oublier et qui n'en finit pas de se souvenir, il n'y a pas plus de certitudes que de corps à pleurer.




Adaptations
Bande dessinée : Le soldat inconnu vivant, Mauro Lirussi / Jean-Yves Le Naour, Roymodus, 2012, 89 p.
Documentaire : Le soldat inconnu vivant, Joël Calmettes, 2004.
Pièce de théâtre : The Living Unknown Soldier, réalisée par Sebastian Armesto, directeur du Simple8Theatre, jouée du 12 février au 15 mars 2008 au Théâtre Arcola de Londres

 


Traductions
Anglais (Traduit par Penny Allen)
Aux Etats-Unis et au Canada sous le titre The living unknown soldier. A story of grief and the Great War, New-York, Metropolitan books, 2004, 224 p.
En poche aux Etats-Unis : Owl Books, 2005, 233 p.
Au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande, William Heinemann, 2005 ; en poche : Arrow books, 2006.
Suédois : (Traduit par Gunilla von Malmbor), Stockholm, Historiska media, 2006.
Coréen : éditions Thinking Tree, 2004

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