On le croyait mort et enterré. Il est vrai que ce cadavre était tellement encombrant qu'il aura fallu l'enterrer deux fois, en 1951 et en 1973, ce qui n'est pas commun. Nous pensions qu'il avait cessé de préoccuper les Français et d'incarner leur mauvaise conscience depuis le discours du Vel d'hiv de Jacques Chirac, le 16 juillet 1995. Nous nous trompions. Ce jour-là, à l'endroit où s'élevait autrefois le Vélodrome d'hiver où furent entassés les 13 000 Juifs, hommes, femmes et enfants, raflés les 16 et 17 juillet 1942, le président nouvellement élu brisait le mythe gaullien de « la vraie France, de la seule France » entièrement unie derrière la Résistance, et reconnaissait la responsabilité du pays dans l'entreprise de mort nazie et collaborationniste.  Jean-Yves Le Naour retrace le parcours du chevalier noir de l'histoire de France du XXe siècle à l'aune des mythes qui l'ont construit et qu'il a construits, avant la Seconde Guerre mondiale comme après. Il propose non pas une biographie classique de la naissance à la mort, mais un essai sur le « siècle de Pétain », de Verdun à Zemmour, c'est-à-dire sur la mythologie d'un héros déchu puis d'un spectre qui n'en finit pas de nous hanter.