Guerre 1914-1918 - Histoire du XXe siècle

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1929-1935. La crise

Comment un monde où la paix et la démocratie paraissent solidement implantées peut-il sombrer si rapidement ?
Par la profonde déstabilisation qu'elle engendre, la crise de 1929 rebat les cartes de l'histoire. On croyait l'après-guerre achevé, l'inflation enfin maîtrisée, l'épineuse question des réparations réglée par le plan Young, la paix définitivement assurée par la Société des Nations et le pacte Briand-Kellogg. Et voilà qu'en quelques années, toutes ces belles promesses s'évanouissent. Les réponses à la crise, à base de protectionnisme, dévaluation, austérité, voire autarcie, n'aboutissent qu'à contracter les échanges. Le chômage explose, les démocraties vacillent, l'autoritarisme se renforce. Dès 1931, le Japon fait le choix de l'expansionnisme en envahissant la Mandchourie. En 1935, c'est au tour de l'Italie de se lancer à la conquête de l'Éthiopie. En exploitant la crise, le chancelier Brüning se défait des réparations et commence à exiger le réarmement de l'Allemagne. Pour l'éviter, la Grande-Bretagne fait pression sur la France. Même après l'accession d'Hitler au pouvoir, le Premier Ministre Macdonald écrit dans son journal que " la France est l'ennemie ". On fait difficilement plus aveugle.
Tous les efforts pacifiques des années 1920 sont subitement ruinés. La SDN agonise, les États-Unis tournent définitivement le dos à l'Europe, la Grande-Bretagne embrasse l'appeasement et la France se replie avec effroi derrière la ligne Maginot qu'elle croit inexpugnable.
En poursuivant sa brillante fresque du XXe siècle, bousculant les clichés et les idées reçues, Jean-Yves Le Naour raconte avec maestria ces six années où tout bascule et où l'après-guerre se transforme en un nouvel avant-guerre.

« Après Sortir de la guerre et Les années folles, l’historien poursuit sa passionnante fresque du XXe siècle. Un ouvrage de référence », Yasmina Jaafar, Franc-Tireur, 10 juillet 2024.

« Jean-Yves Le Naour livre une chronique de la faillite des démocraties et du multilatéralisme », Julien Damon, Les Echos, 10 juillet 2024.

« Cet ouvrage est le récit d’une faillite française et européenne », Sylvain Bonnet, Boojum, 25 juillet 2024.

« Dans ce nou­veau volume de sa colos­sale fresque du XXe siècle, Jean-Yves Le Naour étu­die ces six années cru­ciales, en brosse un pano­rama exhaus­tif. Comme à son habi­tude, il a mené un tra­vail docu­men­taire pro­di­gieux. Il livre des expli­ca­tions, donne les posi­tions des acteurs poli­tiques et éco­no­miques de cette époque, dans toutes les grandes puis­sances. Il détaille, puise aux meilleures sources pour expo­ser les faits d’une façon claire. Il est, sans conteste, un des meilleurs his­to­riens de notre époque, sachant pré­sen­ter de manière adé­quate, lisible, acces­sible, le passé. La lec­ture de ce livre est aussi attrayante que celle d’un thriller », Serge Perraud, le Littéraire.com , 7 juin 2024.

« Une fresque certes sur les désordres économiques et financiers des années 1930 mais surtout des atermoiements et des illusions des politiques des puissances face à l’Allemagne, avec les conséquences dramatiques que l’on sait », Thierry Robin, Cliothèque, 30 septembre 2024.

« Le dernier chapitre, « Face à Hitler », est réellement haletant, quand l’auteur montre comment la France, lâchée par la Grande-Bretagne autant que par les Etats-Unis, se retrouve seule et descend de plus en plus vite la pente fatale dès lors que la clairvoyance s’estompe, que l’inconscience finit par faire préférer le mantra des équilibres budgétaires à la capacité de défense, que les solutions s’échappent une à une et que la veulerie l’emporte », Chrisine Kerdellant, Les Echos, 28 août 2024.

Au coeur de l’histoire, Europe 1, 29 mai 2024.

« Passionnant…. Très bien écrit » (Jean-Marc Daniel); « Excellent livre… On passe un bon moment » (Julien Damon), BFM (La librairie de l’Eco, Le duel des critiques), 8 juin 2024.

120 ans de prix Goncourt : une histoire littéraire française

Jean-Yves Le naour et Catherine Valenti. Omnibus, 2023

 

En 1892, Edmond de Goncourt nomme pour exécuteur testamentaire son ami Alphonse Daudet, « à la charge pour lui de constituer, dans l’année de mon décès, à perpétuité, une société littéraire dont la fondation a été, tout le temps de notre vie d’hommes de lettres, la pensée de mon frère et la mienne, et qui a pour objet la création d’un prix annuel de 5 000 francs destiné à un ouvrage littéraire, et d’une rente annuelle de 6 000 francs au profit de chacun des membres de la société ».
Ce n’est pourtant que onze ans plus tard, le 19 janvier 1903, que naît cette « contre-Académie française » – constituée pour mettre en valeur le roman, genre méprisé par les Immortels du quai Conti – dont le prix est rapidement devenu le plus prestigieux et le plus convoité des prix littéraires français.

Cet ouvrage encyclopédique, composé de 120 notices, érudit mais souvent drôle dans la forme comme dans le fond, s’intéresse aux grandes controverses qui ont agité le paysage littéraire français comme aux polémiques, aux conflits et aux psychodrames qui secouent régulièrement l’Académie Goncourt. Chaque roman primé se découvre dans son contexte littéraire, politique, social et culturel. C’est aussi toute l’histoire de France qui défile, la littérature de notre pays étant le reflet de ses combats et de ses épreuves. De la Grande Guerre à la décolonisation en passant par la Shoah, Vichy, et les questions de mœurs, l’exil, l’identité, le deuil, la sexualité…


« C’est fascinant, savoureux, bien informé et bien raconté » (Le Figaro Littéraire, 31 août 2023. Thierry Clermont)

« Une somme captivante » (Monde des Livres, 25 octobre 2023. Denis Cosnard)

« On consultera avec profit l’éphéméride d’un genre nouveau composé par Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti » (Journal du dimanche, 17 septembre 2023. Eric Naulleau)

« Pour raconter cette histoire à nulle autre pareille, année par année, lauréat par lauréat, en la contextualisant, il ne fallait pas moins de deux universitaires chevronnés. » (Livres Hebdo, 25 octobre 2023, J.-C. Perrier)

« Une anthologie passionnante » (L’Indépendant, 4 octobre 2023.)

« C’est une chevauchée de longue haleine, une chronique au style alerte, un ouvrage encyclopédique de référence. » (Lire, novembre 2023, O.C.)

« C’est LE livre indispensable sur l’histoire du prix » (L’Obs, 19 octobre 2023. Didier Jacob)

« Un remarquable ouvrage bourré d’anecdotes » (Ouest-France, 7 novembre 2023. Michel Troadec)

« Plongez dans cette incroyable somme d’histoire, d’anecdotes et de polémiques… C’est impressionnant » (Le Soir, 4 novembre, Jean-Claude Vantroyen)

« Une histoire tourmentée » (La Dépêche du Midi, 26 octobre)

« Un ouvrage passionnant » (Le Dauphiné Libéré, 4 novembre, Guy Abonnec)

« Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti sont deux historiens qui, contrairement à la plupart des universitaires, écrivent remarquablement bien et avec une verve réjouissante… Voici une bibliothèque rassemblée en un seul volume. De quoi frimer dans dans les dîners en ville et surtout de quoi rassasier sa curiosité. » (Marianne, 5 novembre, J-P Brighelli)

« Vous saurez tout sur le Goncourt » (L’Opinion, 7 novembre, Bernard Quiriny)

« Catherine Valenti et Jean-Yves Le Naour décryptent les enjeux de la récompense littéraire la plus prestigieuse. » (La Provence, 7 novembre, Frédéric Guilledoux)

« Impressionnant d’érudition » ( La Montagne, 6 novembre, Muriel Mingau)

Halimi à la plage : la femme engagée dans un transat

Catherine Valenti / Jean-Yves Le Naour, Dunod, 160 p., Mai 2022.

Avocate de la cause des femmes, Gisèle Halimi est la grande stratège du mouvement féministe. Organisatrice de procès très médiatiques, elle sait transformer le tribunal en tribune pour mieux conquérir l’opinion et obtenir de nouveaux droits, garantis par la loi.
Rebelle, « avocate irrespectueuse », elle est une femme qui a dit non. Non à la colonisation, au patriarcat, aux traditions, à la domination des femmes. De la défense des indépendantistes à l’IVG et la criminalisation du viol, Gisèle Halimi a initié et accompagné la plus grande révolution sociale et culturelle du second XXe  siècle. Disparue depuis 2020, ses mots résonnent encore avec justesse : « Ne vous résignez jamais ! »

 

1922 – 1929 : les années folles ?

Perrin, 2021, Février 2022
Les années folles? Des années tristes.
Les années vingt, des années folles ? La postérité évoque des parties dansantes endiablées, le son élégant du jazz et la fièvre de music-hall. En réalité, rien n'est plus faux. A l'inverse d'une expression qui ne s'est formée qu'a posteriori, une fois projetée l'ombre de la crise de 1929, cette décennie ne renferme pas une fête perpétuelle mais plutôt des années désolantes et désolées. Celles d'une nation éprouvée par la guerre qui voudrait tourner la page, mais qui souffre de trop se souvenir et s'inquiète de son avenir comme de sa sécurité. Saignée démographiquement, en partie ruinée, endettée jusqu'au cou auprès des Américains, traumatisée par l'inflation, Paris se découvre isolée diplomatiquement par les nouveaux jeux d'alliances européens.
Dès lors, la France n'a que deux alternatives : s'imposer face à une Allemagne protégée par l'Angleterre et cherchant à échapper à ses dettes, ou bien rengainer ses revendications et parier sur un ordre collectif incertain. Mais en choisissant la conciliation, ne risque-t-elle pas de perdre à la fois les remboursements attendus et sa propre sécurité ? Une douloureuse ambiguïté plane donc sur les années vingt. Après avoir gagné la guerre, les Français vont-ils perdre la paix ?

Dans la presse

« Folles vraiment, ces années ? Certainement, si on prend l’épithète dans son sens le plus large. Intenses en tout cas ! C’est la manière dont Jean-Yves Le Naour raconte cette époque souvent fantasmée où l’on imagine une libération débridée dans des vapeurs d’alcool et d’opium. Mais cette folie n’est pas celle que l’on croit. L’historien nous montre l’envers du décor. »

Laurent Lemire, Historia, février 2022.

« Toute cette excitation joyeuse a, bien sûr, existé. Mais elle ne résume pas la période. Jean-Yves Le Naour tape dans le dur de cette erreur de perspective qui couvre la période de la Grande Guerre à la grande crise. […] Cette autre lecture des Années folles proposée par l’historien Jean-Yves Le Naour, richement documentée, est passionnante. Le récit se déploie entre les moments clés de la période et ses sujets centraux aux yeux de la France que sont la sécurité et les réparations allemandes. Il est complété par des portraits en action des grands acteurs de cette histoire : Poincaré, Briand, Stresemann, Herriot… »

La Croix, 10 février, François Ernenwein

« Les Américains les disent rugissantes (roaring) ; les Anglais, heureuses (happy) ; les Allemands, dorées (goldene) ; et les Français les ont appelées « folles ». Un chrononyme qui colle aux basques de ces années 1920 comme le sparadrap du capitaine Haddock. Cette étiquette fut inventée dans le marasme économique de la décennie suivante, dans la nostalgie d’un soi-disant âge d’or. Une erreur de perspective que rectifie Jean-Yves Le Naour dans son dernier livre, qui poursuit sa fresque du XXe siècle hexagonal. Loin de la perpétuelle bamboche, les années 1920 furent une décennie sombre et douloureuse, où la France, malgré sa victoire, bascula de la hantise du déclin au déclin lui-même. Un avant-goût du début de la fin. Dès 1922, Clemenceau se lamentait : « Tout ce que j’ai fait est perdu… »

François-Guillaume Lorrain, Le Point, 14 février 2022.

« 1922-1929. Les années folles? est indispensable pour ne plus regarder l’histoire dans le rétroviseur mais les yeux dans les yeux. »

OLIVIER CARIGUEL, Lire, mars 2022,

« Les années folles ne sont-elles qu’un mythe ? Jean-Yves Le Naour regarde sous le vernis joyeux de la décennie des années 1920, qui tente d’exorciser les blessures. […] L’historien fait un portrait passionnant d’une époque passée à la postérité comme celle d’une fête perpétuelle. »

Télérama, 2 mars 2022.

Les oubliés de l’histoire

Flammarion, 2017
Si l'Histoire n'a retenu que les exploits du chasseur, c'est parce que le lion n'a pas d'historiens", écrit Jean-Yves Le Naour. À côté des grandes figures de proue, des êtres ordinaires ont eux aussi "fait" l'Histoire. Les destins des "oubliés" choisis ici éclairent d'un jour nouveau la vie politique ou sociétale du XXème siècle : la résistance allemande au nazisme à travers le portrait de Sylvin Rubinstein; le combat pour le suffrage féminin dans l'entre-deux-guerres par Louise Weiss; la prise de conscience écologique incarnée par René Dumont, la révolte des prostituées emmenée par Grisélidis Réal ou encore la fronde du torero Manolete sous le franquisme… Souvent au péril de leur vie, ils ont défendu la liberté à l'instar du prêtre polonais Jerzy Popieluszko ou de l'Irlandais Bobby Sands, et furent parfois les révélateurs d'une époque dans ses excès: le dopage avoué par le coureur cycliste Tom Simpson, le star-system pour le footballeur George Best. Ainsi, Les Oubliés de l'Histoire racontent-ils une autre histoire, incarnée et empathique, familière et ignorée, mais tellement plus humaine.

Et le viol devint un crime

Avec Catherine Valenti, Vendémiaire, 2014, 157 p.
21 août 1974. Dans les calanques de Marseille, deux jeunes touristes belges sont agressées et violées par trois hommes. C'est le début d'une affaire qui va marquer durablement les esprits. Car la question du viol révèle la misogynie profonde de la société, "réactionnaires" et "progressistes" confondus. "Le fait de porter des jeans moulants, de se parfumer, de se maquiller est-il sans effet ? La femme qui s'habille ainsi porte, à mon avis, une part de responsabilité si elle est violée", assène ainsi sans ambages un commentateur de l'extrême gauche. Même les féministes se divisent sur la question, certaines allant jusqu'à s'insurger devant la lourdeur de la peine: "Ce n'est pas l'emprisonnement de l'agresseur qui changera sa mentalité", s'exclamera la représentante de la Ligue du droit des femmes. En libérant la parole des victimes, en attirant l'attention des médias et des politiques, le procès qui a lieu à Aix-en-Provence en mai 1978 est bien plus que l'épilogue d'un fait divers: il est un des jalons qui ont changé l'histoire et fait avancer la cause des femmes.

Il furto della Gioconda

Odoya, 2013, 208 p.
Con grande qualità narrativa e attingendo a una vasta e ricca documentazione (archivi storici, stampa dell’epoca), Le Naour ricostruisce le vicende legate al celebre furto della Gioconda dal Museo del Louvre, che all’inizio del XX secolo tenne in scacco le autorità francesi per oltre due anni. Il 21 agosto 1911, poco dopo le sette del mattino, un uomo riesce a intrufolarsi nel Museo del Louvre e a rubare la tela di Leonardo Da Vinci: la stacca dal muro, la estrae dalla cornice e se la nasconde sotto la blusa, prima di uscire indisturbato. Il furto suscita un enorme scandalo (com’è possibile che il più importante museo di Francia sia così accessibile?) e uno shock nell’opinione pubblica francese. Monna Lisa finisce per diventare un cavallo di battaglia nella lotta politica dell’epoca, alimentando i sentimenti più vari: critica dello Stato da una parte, nazionalismo e intolleranza xenofoba dall’altra. La polizia segue le piste più assurde – compresa l’implicazione di Apollinaire e Picasso! – fino al ritrovamento del quadro, nel dicembre 1913, a Firenze. Si scopre allora che a sottrarlo era stato un ex impiegato del Louvre, Vincenzo Peruggia, emigrante italiano convinto che il dipinto appartenesse di diritto al proprio Paese. La storia tumultuosa del quadro, lo scandalo intorno alla sua scomparsa e al suo ritrovamento contribuirono a rendere popolare l’immagine della Gioconda in Francia (prima del furto, la grande maggioranza dei francesi ne ignorava l’esistenza) e nel mondo intero, facendone una star mondiale. Con un'Appendice dedicata ai più clamorosi furti di opere d'arte del XX secolo.

Qui a volé la Joconde ?

Vendémiaire (Echo), 5 septembre 2013, 154 p.
Le cambriolage le plus extravagant du XXe siècle. Le 21 août 1911, les gardiens du Louvre constatent l’incroyable disparition de la Joconde. Malgré l’aide de Bertillon, la police piétine. On accuse les Allemands. Des escrocs proposent de restituer le tableau contre rançon. On arrête Guillaume Apollinaire soupçonné d’être le commanditaire; Picasso serait complice… Dans un style vivant, s’appuyant sur les archives de la police, Jean-Yves Le Naour nous fait revivre cette histoire qui, par son retentissement, fit de la Jocondele tableau le plus célèbre du monde...



Histoire de l’abolition de la peine de mort

Préface de Robert Badinter, Perrin, 2011, 404 p.

Lire la préface de Robert Badinter

"Si je prouve que la société en faisant mourir un de ses membres ne fait rien qui soit nécessaire ou utile à ses intérêts, j'aurais gagné la cause de l' humanité". Par ces mots, Cesare Beccaria invente en 1764 l'abolitionnisme qui ouvre le débat sur la peine de mort au siècle des Lumières. De Voltaire à Camus, en passant par Lamartine, Victor Hugo ou Jean Jaurès, la peine capitale est dénoncée comme l'expression d'une justice aussi sommaire que cruelle et contraire à la simple humanité. De fait, ce pouvoir -laisser vivre ou "donner la mort"- suscite un malaise grandissant dans la France catholique. Fonctionnant à l'aube depuis 1832, à même le sol et non plus sur une estrade depuis 1870, la guillotine finit par être reléguée en prison en 1939, tandis que les circonstances atténuantes et la grâce présidentielle réduisent sans cesse le nombre de têtes abandonnées au bourreau. Cependant de 1959 à 1981, 17 personnes sont encore décapitées. 

En racontant plus de deux siècles de débats politiques et philosophiques, appuyés sur une riche et rigoureuse documentation, l' historien Jean-Yves Le Naour éclaire cette part d'ombre au pays des droits de l'homme. De la Terreur des révolutionnaires à la guerre d'Algérie, la guillotine fut, on ne le sait pas assez, trop souvent élevée au rang d'instrument de gouvernement. Il faudra attendre 1981 et Robert Badinter, ministre de la Justice, pour clore le débat : "le temps est venu d'assumer nos angoisses et de nous appliquer à en réduire les causes. Le temps est venu de se comporter en adultes, même devant le crime." Grâce à lui, la peine de mort fut officiellement abolie le 9 octobre 1981.

Le dernier guillotiné

First, 2011, 190 p.
Le 10 septembre 1977, la tête du dernier guillotiné de l'histoire de France tombe sous le couperet. Hamida Djandoubi est l'ultime victime d'une loi moribonde, en dépit d'une légende tenace qui fait de Christian Ranucci (l'affaire du "pull-over rouge") le dernier condamné à mort à avoir été exécuté. La France, partagée entre abolitionnistes et irréductibles vengeurs, est alors le dernier pays d'Europe occidentale à recourir à la peine de mort, qu'elle n'abolira que quatre ans plus tard…. A travers le parcours criminel et le procès de Hamida Djandoubi, reconstitués ici pour la première fois à partir du dossier judiciaire, c'est un épisode méconnu de l'histoire contemporaine qui nous est révélé. Trente ans après la loi du 9 octobre 1981, "Le Dernier guillotiné" nous rappelle aussi que la peine capitale était une sorte de loterie tragique. Car, si Hamida Djandoubi était assurément un meurtrier pervers et cruel, une mauvaise défense et le climat délétère qui règnait à l'époque n'en pesèrent pas moins sur le verdict du jury.

Histoire du XXe siècle

Hachette littératures, septembre 2009, 570 p.

Consultez le sommaire de l’ouvrage.

Il n'est pas vrai que l'histoire est d'un accès difficile, forcément ardue et fondée sur une litanie de dates. L'histoire est aussi un récit, une narration intelligente qui rend le passé intelligible. Longtemps, les "Malet-Isaac", dont les éditions Hachette Littératures assument l'héritage, ont incarné ce récit susceptible de captiver les érudits et les profanes, le public scolaire et les citoyens éclairés. C'est en se plaçant dans ce sillage de l'histoire narrative que l'auteur, qui connaît les exigences du grand public comme celles des étudiants du secondaire, de l'Université et des classes préparatoires, a rédigé ce manuel sur ce xxe siècle que Victor Hugo prédisait heureux et qui fut le plus violent de toute l'histoire de l'humanité. En cinq parties et trente-deux leçons, des origines de la Première Guerre mondiale à la crise contemporaine, cet ouvrage cherche avant tout à donner une grille de lecture du XXe siècle qui vit le déclin de l'Europe, la montée des totalitarismes, la Seconde Guerre mondiale, le défi du terrorisme islamiste, la contestation de l'hégémonie américaine.

Le corbeau : Histoire vraie d’une rumeur

Hachette Littératures, Essais, 2006, 210 p.

Nouvelle édition chez France loisirs, Le corbeau : Histoire vraie d’une rumeur, 2006, 243 p.

De 1917 à 1922, une épidémie de lettres anonymes s'abat sur la ville de Tulle. Glissés dans les paniers des ménagères, abandonnés sur les trottoirs, les rebords des fenêtres et jusque sur les bancs des églises, ces centaines de courriers qui dénoncent l'infidélité des uns, la mauvaise conduite des autres alimentent toutes les conversations. Peu à peu, une atmosphère de suspicion empoisonne la ville : quel est donc ce mystérieux anonyme ? Que recherche-t-il ? Quand un greffier de la préfecture, troublé par la réception d’une lettre anonyme, perd la raison et meurt au cours d’une crise de démence, l’enquête policière s’accélère et la presse nationale se précipite à Tulle à la recherche d’un fait divers qui puisse passionner autant les Français que le procès de Landru qui vient de s’achever. Les feuilles à scandale ne se trompent pas : l’affaire des lettres anonymes de Tulle se révèle machiavélique et l’instruction riche en rebondissements, du suicide – ou de l’assassinat – d’une présumée coupable à la grande dictée des suspects organisée par un expert graphologue en passant par le dessaisissement du juge qui a eu la mauvaise idée de faire appel à un voyant pour y voir plus clair. Une fois le coupable identifié, ce fait-divers qui a défrayé la chronique aurait pu être oublié s’il n’avait servi de source d’inspiration à Henri-Georges Clouzot pour réaliser Le Corbeau en 1943, un film noir et maudit, peut-être le chef-d’œuvre du cinéma des années noires que les censeurs de la Libération ont stigmatisé pour avoir donné une image peu reluisante de la France occupée. Si le Corbeau a durablement éclipsé l’histoire dont il est issu, l’affaire des lettres anonymes de Tulle mérite mieux que l’oubli car la réalité, noire, surprenante, diabolique, dépasse sans doute la fiction de Clouzot.

La famille doit voter : Le suffrage familial contre le vote individuel

Hachette, 23 février, 2005, 265 p.
Ce sont les conservateurs qui proposent en 1848 le vote familial, véritable stratagème électoral destiné à dépouiller le suffrage universel de ses potentialités réformatrices. Grâce à ce nouveau mode de scrutin, le père de famille peut déposer dans l'urne autant de bulletins de vote qu'il a d'enfants ; le célibataire, réputé politiquement plus à gauche que l'homme marié, ne vote qu'une fois, et la femme ne s'exprime que par l'intermédiaire des enfants qu'elle donne à son mari ! Ce projet ne restera pas dans les limbes : il est activement défendu pour éviter le vote des femmes. En 1923, les députés adoptent à une forte majorité le principe du vote familial ; en 1940, il se retrouve en bonne place dans le projet de constitution du régime de Vichy ; aujourd'hui encore, certains membres du Front national revendiquent cet héritage. Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti nous proposent une histoire politique et sociale renouvelée du droit de vote, à l'heure où les démocraties occidentales constatent une hausse sans cesse croissante de l'abstention électorale. Un regard salutaire sur une idée étonnante formulée pour vider de son sens le vote individuel.

Histoire de l’avortement : XIXe-XXe siècle

Avec Catherine Valenti, Seuil, L’Univers historique, 7 mars 2003, 400 p.

Disponible en chinois, Renmin University Press, 2009, 368 p.

La pratique de l'avortement s'est très largement répandue au XIXème siècle, en rapport avec les profondes mutations sociales et matérielles de la nouvelle civilisation industrielle.
La généralisation des moyens mécaniques a complété voire supplanté les vieilles potions herbacées et les remèdes plus ou moins inefficaces issus de l'Antiquité. Cependant, les ressorts moraux viennent justifier la répression : crime contre Dieu, l'avortement devient également et avant tout, de la fin du XIXème siècle jusqu'à 1945, un crime antinational et antipatriotique qui enlève de nouveaux citoyens et de nouveaux soldats à une communauté angoissée par son atonie démographique et par le dynamisme de la natalité allemande.

La revendication du droit à l'avortement va néanmoins se faire entendre. D'abord par la reconnaissance de l'avortement thérapeutique, en 1852. Défendu ensuite dans une perspective révolutionnaire par les néo-malthusiens de la Belle Époque, le droit des femmes à disposer de leur corps finit par s'imposer au début des années 1970, entraînant avec lui un débat passionné qui ne cessera pas avec le vote de la loi Veil.


Dans la presse

Histoire de l’avortement (XIXe-XXe siècle), Cyril Olivier, Clio, numéro 18/2003, Mixité et coéducation, mis en ligne le 9 décembre 2003.

Daniel Bermond, Lire, mai 2003 :

Étrangement, il n’existait pas d’histoire de l’avortement en bonne et due forme, sinon des études éparses, non synthétisées. Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti comblent avec bonheur un vide historiographique en balayant plus de deux mille ans de disputes, depuis Platon jusqu’aux lois Aubry-Guigou. […] A noter que sur la répression, notamment celle toujours avancée des lois de 1920 et 1923, les auteurs corrigent bien des idées reçues.

Philippe-Jean Catinchi, Le Monde, 18 avril 2003 :

La pratique de l’avortement attendait son historien. En contemporanéistes Catherine Valenti et Jean-Yves Le Naour ont relevé le défi avec une Histoire de l’avortement, d’une clarté des enjeux qui le dispute à la rigueur de l’analyse.

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