Hachette Littératures, 2004, 250 p.
Après la Première Guerre mondiale, les Allemands organisent une campagne de propagande internationale contre la présence de troupes coloniales françaises dans leur pays : c'est la « honte noire ». Elle repose sur des accusations mensongères de viols systématiques des femmes blanches par les soldats africains en Rhénanie occupée. Ces attaques racistes visent à convaincre l'opinion publique internationale - notamment nord-américaine, sensible à la question noire - et les gouvernements étrangers que la France est une ennemie de la Kultur et de la civilisation européennes. Haineux et militaristes, les Français mépriseraient les Allemands au point de les faire « garder » par des Noirs, et désireraient abâtardir leur race par le mélange des sangs et la contamination syphilitique ! Cette propagande a une postérité : pour expliciter sa conception de la pureté raciale, Hitler utilise la « honte noire » dans Mein Kampf. 

En France, Jean Moulin, préfet d'Eure-et-Loir, accomplit en 1940 son premier acte de résistance en protégeant de la haine nazie les soldats coloniaux prisonniers, assassinés par milliers par les vainqueurs. Mais à l'automne 1944, l'armée française procède à son tour à un vaste "blanchiment" de ses effectifs en écartant les soldats coloniaux au profit de jeunes métropolitains : il faut occuper l'Allemagne avec une armée blanche… Jean-Yves Le Naour, à l'aide d'archives inédites, met en évidence avec clarté une manifestation mal connue du racisme européen d'une guerre mondiale à l'autre.