Hachette littératures, 2008, 188 p.
Imagine-t-on qu’à la veille de fuir la capitale, le 2 septembre 1914, le gouvernement français convoque Mme Fraya, une voyante mondaine, pour lui demander si l’ennemi s’emparera de Paris ? Sait-on que le président Raymond Poincaré a reçu cette même Mme Fraya à l’Élysée en 1917 pour lui poser des questions sur la fin de la guerre ? Ou encore qu’il a reçu une jeune bergère vendéenne qui, se croyant une nouvelle Jeanne d’Arc, prétendait avoir reçu de Dieu la mission de bouter l’ennemi hors de France ? De 1914 à 1918, une flambée de prophétisme et de voyance saisit en effet les Français qui tentent de se rassurer comme ils peuvent en déchiffrant les quatrains de Nostradamus et les lignes de la main, en interrogeant les esprits, les boules de cristal ou le marc de café, tandis que les poilus, dans les tranchées, communient dans des rituels magiques censés les protéger de la mort. En ces temps d'angoisse, les contemporains s'en remettent tout simplement à l'occulte pour mieux supporter le présent et espérer enfin en l'avenir. Jean-Yves Le Naour rend compte ici d’une culture populaire, longtemps ignorée par les historiens, et offre une nouvelle approche pour la compréhension du premier conflit mondial.